Quelles sont les méthodes pour prévenir le harcèlement scolaire ?

Le harcèlement scolaire est l'affaire de tous. Un enfant par classe serait victime de harcèlement scolaire, a révélé une enquête du ministère l’Éducation nationale auprès d’élèves du secteur public, publiée le 13 février dernier. En septembre 2023, le Secrétariat général de l’Enseignement catholique a lancé son plan Boussole parallèlement au plan pHARe porté par le ministère de l’Éducation nationale.

Source : MEN - Enquête menée en novembre 2023 auprès de 21 700 élèves du CE2 à la terminale des établissements publics.

À la rentrée de janvier, Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation nationale, a lancé une expérimentation autour des « cours d’empathie », pour développer les compétences psycho-sociales  (CPS) des élèves de maternelle et de primaire et prévenir le harcèlement scolaire. Celles-ci sont définies, en 1994 par l’OMS, comme « la capacité d’une personne à maintenir un état de bien-être psychique et à le démontrer par un comportement adapté et positif lors d’interactions avec les autres (…) ». Ainsi, les cours d’empathie apparaissent comme « une bonne initiative », d’après Inès de Pierrefeu, psychologue et responsable de l’Apel Notre-Dame-des-Chênes à Saint-Malo, mais qui « ne représente qu’un aspect des compétences psychosociales ». Bruno Humbeeck, psychopédagogue, se montre plus critique : « L’empathie s’active mais ne s’apprend pas comme on apprend les maths ou le français ».

Cependant, le psychopédagogue relève l’importance de sensibiliser les élèves de maternelle. Bien que la formation des plus petits aux CPS n’ait « pas d’effet direct sur la gestion du climat de classe, c’est là que tout se joue » à l’échelle individuelle. C’est même une « nécessité » pour Inès de Pierrefeu. « Si nos enfants étaient mieux outillés aux CPS, remarque-t-elle, ils auraient moins de problèmes au collège ».

D’autres initiatives dans l’Enseignement catholique

Le plan Boussole propose aux établissements un diagnostic du niveau de « bientraitance » de leurs élèves, mais n’impose pas de méthode précise. Chaque établissement peut choisir celle qui lui convient le mieux. Outre les cours d'empathie, des initiatives sont proposées sur le  site web créé par l'Enseignement catholique. Par exemple, une enseignante de l’école Sainte Colombe en Sarthe propose, depuis plusieurs années, une formation aux « messages clairs » pour apprendre aux élèves à gérer les conflits. Après avoir réalisé le diagnostic du plan Boussole, l’école a décidé de dédier une semaine à la formation de tous ses élèves.

De son côté, Inès de Pierrefeu a lancé le projet « Bien grandir à l’école » qui consacre une semaine à la formation aux CPS des élèves de l’ensemble scolaire Notre-Dame des Chênes (lire l'article ci-dessous). Elle fait rédiger aux élèves de maternelle un « Cahier des mots doux » pour « tisser des liens positifs entre les élèves » et les fait s’interroger sur ce qu’est un ami.  Selon elle, une semaine par an n'est pas suffisante, mais le simple fait de parler de ces sujets installe des réflexes. Elle se réjouit surtout que les enseignants se saisissent des méthodes découvertes pendant ces quelques journées.

La plus efficace, d’après Bruno Humbeeck, est la mise en place « d’espaces de parole régulée » dans lesquels les élèves « peuvent exprimer leurs émotions en toute confiance ». La confiance est la clé, selon le spécialiste, et particulièrement envers les adultes.

Le rôle des parents

L’éducation aux CPS « n’est pertinente que si les parents et les enseignants convergent vers les mêmes méthodes », explique Inès de Pierrefeu. Elle propose alors des ateliers, en mars et en avril, pour apprendre aux parents d’élèves de son ensemble scolaire à détecter et à réagir à une situation de conflit.

Ces temps forts ne sont pas ouverts à tous, alors les deux psychologues ont réfléchi à plusieurs conseils à donner à tous les parents. D’abord, il faut être dans une démarche ouverte vis-à-vis de l’équipe éducative. Selon Inès de Pierrefeu, les parents d’enfants intimidateurs « ont souvent une attitude de déni ou d’excuse », vis-à-vis de leur enfant. Il faut alors « envisager qu’ils ne connaissent pas totalement leur enfant et que l’équipe éducative en a une autre image ». Bruno Humbeeck invite également les parents à « rendre leur enfant attentif à ses émotions et à celles des autres ». Autrement dit, à le sensibiliser à l’empathie.