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L’enquête bisannuelle Pisa sur la performance des élèves de 15 ans dans les matières académiques évalue, pour la première fois, leur niveau de créativité, dans un nouveau volet paru en juin. Principal enseignement de l’enquête : la créativité n’est pas innée, même si certains facteurs sociaux la favorisent.

« La créativité n’est pas un trait de personnalité, ni une compétence exogène qui viendrait gratifier les génies de cette planète », ironise Quentin Vidal, auteur du dernier volet du rapport Pisa, à l’OCDE. Paru le 18 juin dernier, il complète la traditionnelle enquête bisannuelle sur la performance des élèves de 15 ans en mathématiques, en lecture et en compréhension de l’écrit. La créativité « avec un petit c », précise le rapporteur, est en effet une matière transversale : les experts préfèrent alors parler de « pensée créative », pour ne pas se méprendre.

L’enquête Pisa, réalisée auprès d’élèves de 64 pays, a cherché à comprendre, pour la première fois, « comment les élèves peuvent générer des idées et les évaluer, dans un contexte qu’ils connaissent ». Autrement dit, elle a évalué leur capacité à sortir du cadre scolaire et des enseignements pour être plus performants. D’après Mathieu Cassotti, professeur en psychologie du développement à La Sorbonne, « la créativité implique d’aller chercher des connaissances nouvelles et différentes ». Il l’a illustré lors de sa conférence au congrès national de l’Apel à Valence, le 1er juin, en proposant aux congressistes de participer à une expérience originale.

Les résultats des élèves français en pensée créative, très proches de la moyenne des pays de l’OCDE, confirment l’idée que la créativité est un apprentissage comme les autres.

Toutefois, la bonne volonté ne suffit pas. Certains facteurs communs à tous les pays soulignent une forme de déterminisme social en pensée créative, tout comme dans les matières académiques.

« 90% des ministères de chaque pays interrogés ont conscience de l’importance de la créativité à l’école et une grande majorité l’a intégrée dans les cursus scolaires », conclut Quentin Vidal. Il regrette, cependant, que la mise en application reste superficielle. « De manière générale, il manque encore de volonté explicite des décideurs des programmes scolaires d’inclure la créativité comme une compétence interdisciplinaire, d’inciter les élèves à se montrer créatifs et de la valoriser », en récompensant la créativité ou en donnant les moyens aux professeurs de l’enseigner.

Comment évaluer la créativité ?

Mesurer la créativité n’est pas aussi binaire que de mesurer la performance en mathématiques. Plusieurs dimensions de la créativité ont été prises en compte dans l’enquête Pisa.

D’abord, « la capacité à générer des idées », qu’elles soient originales ou non, explique Quentin Vidal.  A l’image du test proposé par Mathieu Cassotti, les élèves ont dû imaginer une liste de solutions pour préserver la population d’abeilles dans l’enceinte de leur l’école. D’autres exercices ont favorisé « les réponses avec le moins de récurrence », les plus rares, en somme, en demandant aux élèves de trouver un titre à une image, ou au contraire, d’imaginer une image originale à partir d’un titre. Enfin, les élèves ont également été évalués sur leurs capacités à améliorer des idées déjà données, favorisant ainsi « l’association d’idées et l’interdisciplinarité ».


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