Quel avenir pour les stages ?
Renforcer les liens école-entreprise
Les liens école-entreprise sont beaucoup plus présents dans les filières professionnelles, surtout depuis leur réforme en 2023. « Celle-ci a précisément essayé de mettre en avant le lien entre les entreprises et les établissements scolaires avec, par exemple, la création des « bureaux des entreprises » dont le but est d'animer des partenariats avec des acteurs territoriaux. », explique Daniel Didier. Le directeur du programme Melchior convient toutefois que le lien école-entreprise est plus « distant » dans les filières générales et technologiques ainsi que dans les collèges puisqu’ils « ne sont pas directement concernés par ce gros coup d’accélérateur et ces augmentations de financement. »
Les parents, des acteurs sur-sollicités
« La place des parents est fondamentale parce qu’ils sont au centre des processus de recrutement », estime Daniel Didier. 60% des élèves interrogés ont effectivement déclaré avoir trouvé leur stage grâce à leurs parents et 18% grâce à leur professeur principal. Cela est ainsi révélateur du « système débrouille » par lequel fonctionne la recherche de stage. Pour Daniel Didier, « la balle est dans le camp de l'institution : il faut qu’elle dédie des heures de formation des enseignants et établisse des liens concrets avec le tissu économique local, si l’on veut que tout ne repose pas sur les familles. Les parents font déjà ce qu'ils peuvent et ils font beaucoup. »
L’importance de mieux préparer les stages
« On voit très clairement qu’il y a souvent une impréparation de part et d'autre », témoigne Daniel Didier. Les équipes éducatives sont pourtant favorables à l’idée de renforcer le lien école-entreprise. « Les enseignants sont de plus en plus sollicités par l’Éducation nationale sur l’orientation des élèves et se sentent démunis. Ils demandent à mieux connaitre le tissu économique local ou le fonctionnement propre des entreprises. ». En effet, « le stage est beaucoup plus efficace quand les partenaires en entreprise sont vraiment briefés sur le public accueilli : comment ils réagissent, quelles sont leurs attentes… Il faut que l’école et l’entreprise soient en contact en amont. »
L’importance de stages pratiques
D’après Daniel Didier, la possibilité de réaliser un stage de qualité révèle également des disparités socio-économiques. « Grâce au réseau de leur famille, les élèves d'origine sociale favorisée vont trouver des stages en moyenne plus intéressants, dynamiques, et dans lesquels on va leur demander de participer à l'effort de l'entreprise. Les élèves issus de milieux modestes vont aller vers des stages qui ne vont pas forcément leur plaire et ne sauront pas comment se positionner. » Pour pallier ces disparités, le réseau de l’école est à nouveau « essentiel » pour proposer des stages aux élèves. Dans des zones géographiques avec peu de grandes entreprises, Daniel Didier imagine également favoriser la mobilité des élèves « par exemple, avec une navette qui permettrait aux élèves d’accéder à une entreprise plus lointaine mais plus intéressante. Ça pourrait être une solution très concrète et pratique ».
Stages de seconde : un début balbutiant
L’étude souligne un « décalage d’adhésion entre le principe [du stage de seconde] et son application. » D’après Daniel Didier, « c’est un dispositif très récent mais la découverte de l’entreprise est toujours à encourager. » Le stage est prévu comme un stage d'observation, comme celui de troisième, mais pourrait être plus responsabilisant pour les élèves. « Il faudrait mettre en place un cadre général plus contraignant dans lequel le jeune n’est pas simplement assis sur une chaise à attendre que ça se passe. Les élèves en seconde ont quinze ans en moyenne et sont déjà un peu plus en capacité d’être confrontés au monde de l'entreprise. »