Les enfants et les adolescents ne s’abandonnent pas sans résistance aux bras de Morphée. Comment trouver la parade face à un refus de sieste, des peurs nocturnes ou les veilles de jeunes oiseaux de nuit ? Les conseils de deux spécialistes du sommeil.

« Ma fille de 3-4 ans ne veut plus faire la sieste. Faut-il insister ? »

La réponse de Sylvie Royant-Parola, psychiatre et spécialiste du sommeil, présidente du réseau Morphée

Il faut différencier l’enfant qui refuse cette perspective parce qu’il n’en a pas besoin de celui pour qui, malgré la fatigue, la sieste devient une occasion de s’opposer à ses parents. Le premier reste d’humeur égale et ne s’énerve pas en fin de journée. Après le déjeuner, inutile de l’envoyer au lit. On peut, en revanche, instaurer un temps de repos, de méditation ou de relaxation, pour l’aider à récupérer durant le creux de vigilance qui survient en milieu de journée. Le second se montre souvent irritable et hyperactif le soir : il lutte ainsi contre la fatigue. Il faut alors exiger, qu’après le déjeuner, il reste au lit trente minutes, même s’il crie durant toute la demi- heure. Cela correspond à une conduite d’opposition passagère et cela vaut la peine d’insister.

« Comment rassurer mon fils qui a peur d’aller dormir ? »

La réponse de Michèle Freud, psychothérapeute et sophrologue

Il est important de savoir ce qui l’effraie (le noir, la séparation, un deuil...) afin d’en parler et de l’aider à trouver des ressources en lui-même pour conjurer ses angoisses. Je me souviens d’un garçon qui a vaincu sa peur en collant un dessin de Batman sur sa porte. Une veilleuse peut aussi réconforter celui qui redoute le noir. En revanche, l’enfant ne doit pas dormir dans la chambre des parents : ce n’est pas sa place et cette confusion risque de renforcer ses angoisses. Enfin, j’insiste sur l’importance du rituel du coucher (brossage des dents, petite histoire, etc.), qui envoie de façon sécurisante le signal que l’heure de dormir a sonné. Le parent doit alors se montrer serein et disponible. Si tout s’est bien passé, il faut poser des limites : ne pas entrer dans le jeu de celui qui se relève vingt fois.

« Ma fille adolescente se couche trop tard. Que faire ? »

La réponse de Sylvie Royant-Parola

Cela paraît évident, mais rappelez-lui qu’il est tard et qu’elle doit aller au lit. Beaucoup de parents ne le font pas. Autrefois, on critiquait la télévision, mais la fin du film à 22 h 30 avait le mérite de sonner l’extinction des feux pour tout le monde. Il faut donc restructurer le temps familial, qui a tendance à s’éparpiller, en le découpant en séquences. Exemple : un moment de sociabilité, puis une phase plus tranquille préparant au sommeil. Il faut donner l’exemple : si à 22 h 30, le parent surfe toujours sur sa tablette, le message passera mal. Évitez aussi les grasses matinées sans fin du week-end. Jusqu’à 11 heures, pas de souci, au-delà, votre enfant ne récupère pas, il se décale. Si son rythme est désynchronisé, emmenez-le faire du sport, dehors, le matin. L’exercice physique et la lumière régulent le sommeil.

« Mon ado passe la nuit sur ses écrans. Comment l’inciter à dormir ? »

La réponse de Michèle Freud

Bannissez smartphone, télévision et ordinateur de la chambre et limitez à deux heures par jour le temps passé devant les écrans. Un usage excessif peut faire des ravages sur le cerveau des adolescents. Sans dramatiser, il faut les alerter sur ces dangers. Le soir, privilégiez les moments en famille plutôt que ces pratiques numériques qui isolent. Décidez d’une heure à partir de laquelle on se déconnecte. Un papa a ainsi eu l’idée d’une boîte où chacun déposait son téléphone avant de dormir. Intéressez-vous aux activités numériques de vos enfants. Vous les comprendrez mieux et vous pourrez faire passer des messages : les mettre en garde contre une addiction mais aussi les encourager quand ils se montrent créatifs. Avec les ados, il faut poser un cadre avec souplesse, et consulter quand on se sent dépassé.

Que faire si mon enfant est somnanbule ?

Ce phénomène, souvent héréditaire, survient en début de nuit durant la phase de sommeil profond. Il se produit une dissociation entre le corps, qui se réveille et se met en marche, et le cerveau, qui continue à dormir. « C’est fréquent entre 7 et 10 ans et cela touche plus les garçons », observe le docteur Royant-Parola. L’anxiété et le manque de sommeil peuvent favoriser le somnambulisme. Si vous croisez votre enfant dans cet état, ne le réveillez surtout pas. Comme son état d’esprit est confus, il risque d’avoir peur, de se faire mal ou de se montrer agressif. Raccompagnez-le en douceur à son lit. Prenez des mesures qui le prémuniront contre tout danger : pas de lit en hauteur, des fenêtres et des portes qui ferment à clé, un accès barré à l’escalier... En général, le somnambulisme disparaît à l’adolescence. Si les crises persistent ou se multiplient, demandez conseil à votre médecin.

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