Agir face à ses mauvais résultats
Douter de l’enfant risque de le faire douter aussi
Plus les parents se focalisent sur les mauvais résultats de leur enfant, plus celui-ci risque de douter de sa capacité à réussir. Au contraire, plus ils soulignent ses progrès, plus l’enfant sera convaincu qu’il peut y arriver. C’est ce que démontre une étude américaine menée auprès de parents et d’enfants âgés de 9 à 11 ans (Journal of Family Psychology, 2016). « L’encouragement entraîne dans le cerveau de l’enfant la production d’endorphine, de dopamine, d’ocytocine, de sérotonine, précise Jeanne Siaud-Facchin, psychothérapeute. C’est un cocktail d’hormones à l’impact très positif qui va booster son envie de travailler. »
Encourager
Bons ou mauvais résultats, mieux vaut donc applaudir les efforts, si minimes soient-ils. « Le problème est que l’on a souvent tendance à dire dans la même phrase : “c’est super mais c’est dommage, si tu avais travaillé plus, tu aurais pu avoir un meilleur résultat, ajoute Jeanne Siaud-Facchin. C’est très contre-productif car ce “c’est dommage” va enclencher à son tour dans le cerveau la production de cortisol, l’hormone du stress. Or cette hormone va annihiler les bienfaits des premiers encouragements. Le réflexe à adopter est donc d’abord de souligner les progrès puis, si besoin, d’apporter des bémols, mais plus tard, dans un deuxième temps. »
Temporiser
« Il ne faut pas se jeter sur les notes dès qu’on arrive à la maison en disant : “Alors tu as eu combien ?”, ni s’énerver en demandant : “Mais qu’est-ce que tu as fait ? Que s’est-il passé ?”, conseille Alain Sotto, psychopédagogue. Mieux vaut lui demander : “Qu’as-tu ressenti quand tu as vu ta note ?” C’est plus ouvert. On se met à la hauteur de son enfant et pas dans le jugement qui paralyse. Il vaut mieux aussi ne pas parler de l’école le soir quand tout le monde est fatigué.
Il est plus judicieux de dire : “On en parlera demain matin ou ce week-end”, ainsi on évite de s’énerver et on fait comprendre à son enfant qu’il n’y a pas d’urgence donc pas de drame. »
L'encouragement entraîne dans le cerveau de l'enfant la production d'endorphine, de dopamine, d'ocytocine, de sérotonine. C'est un cocktail d'hormones à l'impact très positif qui va booster son envie de travailler.
- Un enfant paresseux, ça n'existe pas. S'il ne fait rien et collectionne des notes catastrophiques, c'est qu'il est dans une stratégie d'évitement parce que quelque chose l'empêche de réussir.
- Un enfant en difficulté est d'abord un enfant qui souffre.
Jeanne Siaud-Facchin, psychothérapeute
S’interroger
Tous les mauvais résultats ne se valent pas. Une baisse passagère peut se comprendre. Mais des difficultés répétées doivent inquiéter. Est-ce dû à des problèmes personnels, des conflits avec les autres élèves, à un manque de compréhension en cours ou encore une relation compliquée avec son enseignant ? Il faut s’interroger. « Un enfant paresseux, ça n’existe pas, rappelle Jeanne Siaud-Facchin. S’il ne fait rien et collectionne des notes catastrophiques, c’est qu’il est dans une stratégie d’évitement parce que quelque chose l’empêche de réussir. » Inutile donc de mettre la pression à la maison ou de surinvestir la moindre évaluation à venir. « Les enfants ont tous envie d’apprendre car comprendre les choses et se les approprier, c’est jubilatoire. C’est cet appétit que les parents doivent encourager. »
Ne pas surréagir
Les conflits autour des résultats scolaires génèrent une anxiété qui tétanise et enkyste les problèmes. Punir est même contreproductif. Des chercheurs américains (Psychological Science, juin 2016) ont démontré que les élèves sanctionnés à cause de mauvaises notes avaient de moins bons résultats que ceux dont les parents avaient adopté d’autres stratégies de remédiation. « Un enfant en difficulté est d’abord un enfant qui souffre », ajoute Jeanne Siaud-Facchin.
Mais ne pas minimiser...
Face à la pression scolaire et au stress qu’elle induit, on pourrait être tenté de relativiser les mauvais résultats. Là aussi, mauvaise pioche. On s’empêcherait alors de voir ce qui éventuellement dysfonctionne. « Ce serait aussi faire injure à l’intelligence de l’enfant, poursuit Jeanne Siaud-Facchin. Il sait très bien quand les propos de l’adulte sonnent faux. Rapidement ces jugements n’auraient plus aucune valeur pour lui. » Quant à rejeter la responsabilité sur l’enseignant, le risque serait de nourrir chez l’enfant une aversion pour l’école.
Ne pas ignorer
Faire comme si de rien n’était, quels que soient les résultats, est tout aussi catastrophique. Selon l’enquête PISA 2015 sur le bien-être des élèves, 5 % de ceux dont les parents se désintéressent de leurs activités scolaires ont de moins bons résultats que les autres. « Il va très vite assimiler cette indifférence à un manque d’intérêt et d’amour pour lui, prévient Jeanne Siaud-Facchin. Or, même si l’enfant dispose d’une propension naturelle à vouloir réussir, il a aussi besoin de voir ses parents fiers de lui pour avancer.