Après de longs débats, le programme d’Éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité (EVARS) a été adopté le 30 janvier dernier. L’Apel et le Secrétariat général de l’Enseignement catholique, qui ont participé aux discussions, réagissent au texte final.

« Avant ce programme, l’Éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité n’était pas suffisante ni à la hauteur des enjeux. Aujourd’hui, on ne peut plus ne plus faire », a salué Nathalie Tretiakow, adjointe au Secrétariat général de l’Enseignement catholique (Sgec). L’Apel félicite également la mise en place du programme d’EVARS, adopté le 30 janvier dernier. Pour Hélène Laubignat, présidente de l’Apel nationale, l’affirmation de soi et le respect de l’autre sont « essentiels » en maternelle et en primaire. Elle reconnait que « certaines familles ont du mal à aborder le sujet de la sexualité avec leurs enfants. ». Ainsi, « chaque famille doit s’en emparer, mais l’école permettra à tous les élèves d’acquérir une base égale », sans empêcher les parents « d’y apporter ce qu’ils veulent, en fonction de leur cadre familial, de leurs valeurs ou de leur religion ». Après quatre versions du texte, pour lesquelles l’Apel et le Sgec ont été consultés, Hélène Laubignat considère que « la plupart des demandes ont été entendues ». 

Assurer la place des familles 

Un point attire toujours la vigilance de l’Apel et de l’Enseignement catholique : la place des familles dans cet enseignement « qui touche à l’intime », précisait un communiqué de presse commun, le 29 décembre dernier. L’Apel avait obtenu, dans la version précédente du texte, l’inscription d’un principe clé : l’école ne pourra « se substituer au rôle de premier éducateur des parents ». Or, dans cette version finale, l’EVARS sera enseignée « en complément du rôle des parents et des familles ». Un léger changement sémantique qui interroge Hélène Laubignat. « Nous avons confiance en nos établissements. Nous n’interférerons pas plus dans ces enseignements que pour les mathématiques, mais nous attendons de la transparence », insiste la présidente. 

Le Sgec partage cette position. Il regrette, d’ailleurs, que le texte stipule désormais que les parents ne seront qu’« informés des objectifs d’apprentissage annuels ». « Je trouve cela suspicieux. Il faut d’abord assurer le lien de confiance avec les familles », commente Nathalie Tretiakow. 

La liberté pédagogique

Autre point d’accrochage. La version précédente du programme prévoyait que ces trois heures annuelles d’EVARS, de la maternelle à la terminale, seraient enseignées « en laissant à l’appréciation des intervenants et intervenantes leur degré d’approfondissement ». Cette mention a depuis été supprimée. « Elle laissait la possibilité aux enseignants de s’adapter aux élèves, parce qu’ils connaissent leur classe. » Hélène Laubignat réitère sa « confiance en [nos] chefs d’établissements » pour utiliser à bon escient leur liberté pédagogique et « adapter ce programme en fonction de la maturité de chacun des élèves » et des réalités de leur établissement.

Tout en respectant l’obligation légale d’enseigner chaque point du programme, sans exception, l’Enseignement catholique envisage une approche différente : « Le programme a une vision assez négative, notamment au collège », observe Nathalie Tretiakow, « si on veut éduquer à l’EVARS en se focalisant sur ce qu’il y a de mal dans la société, on entre par une porte délétère. Nous préférons une approche centrée sur l’amour au sens large, tout en prévenant des risques ». 

Les établissements catholiques ont jusqu'à la rentrée 2025 pour mettre en place ce nouveau programme. D'ici là, le Sgec prévoit des formations dans les territoires et l’élaboration de ressources pédagogiques adaptées à son projet éducatif.

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