Votre enfant ne sait pas vers quelle branche s’orienter ? Et si vous lui suggériez un choix stratégique en pariant sur un métier d’avenir. Quel que soit le secteur choisi, le monde professionnel de demain se résume en deux mots : ouverture et adaptabilité.

Quand on entend « métier d’avenir », du tac-au-tac, on répond « numérique ». L’essor des technologies et la digitalisation des entreprises a créé une cohorte de nouveaux métiers tout droit issus d’un film d’anticipation : prompt engineer, data scientist, pilote de drone, développeur de blockchain, délégué aux données personnelles…

Et ces métiers vont créer beaucoup d’emplois. D’après le rapport Les métiers en 2030 de France Stratégie, il y aura 115 000 ingénieurs du numérique supplémentaires en 2030, par rapport à 2019. C’est le métier avec la plus forte création d’emplois, avec une hausse de 26 %. Chez Sup’Etixs, campus de l’Enseignement catholique ouvert à la rentrée 2023 près de Lyon, les élèves sont formés aux métiers innovants. « J’en avais assez d’entendre les entreprises dire que les jeunes ne savent rien faire. Alors en créant l’école, nous avons investigué du côté des entreprises locales pour connaître leurs besoins », raconte Agathe Biehler, la cheffe d’établissement.

L’important est de « rester ouvert au changement », conseille Jean-Marc Petit, délégué général du Réseau national d’enseignement supérieur privé (Renasup). Cette qualité deviendra essentielle dans toutes les branches d’activité, et spécifiquement dans le secteur du numérique. « Le numérique nécessite en effet d’adopter un état d’esprit agile : les technologies évoluant sans cesse, il faut pouvoir se remettre en cause en permanence », souligne le rapport de France Stratégie.

C’est pourquoi la plupart de ces nouvelles formations ne relèvent pas du ministère de l’Éducation nationale mais du ministère du Travail. Il recense les titres RNCP « qui se créent et se détruisent rapidement et permettent de s’adapter aux besoins du marché du travail », explique Jean-Marc Petit. Agathe Biehler juge qu’il est important de renouveler régulièrement son offre de formation pour « être constamment en création et proposer des diplômes très souples qui permettent de s’adapter au marché en ajoutant des modules. »

L'avantage, c’est que ces métiers ne sont pas réservés uniquement aux écoles sélectives, contrairement aux idées reçues. « À peu près les trois quarts de mes élèves arrivent du cycle professionnel », témoigne Agathe Biehler, « j’ai créé un BTS pour les jeunes qui ont peur de se lancer dans 3 ans d’études, puis je les amène à poursuivre en bachelor voire en mastère, [reconnus par le ministère du Travail, NDLR] pour avoir une vraie crédibilité professionnelle. » En effet, il est essentiel de trouver le bon équilibre entre la pluridisciplinarité d’un diplôme académique et l’adaptabilité offerte par un titre professionnel, tout en « se méfiant des formations trop marketées qui surfent sur des thèmes à la mode », développées par des formations lucratives. Elles sont parfois trop spécifiques et ne diplôment pas à un niveau suffisant. Les BDIO, un conseiller d’orientation ou l’établissement de votre enfant devrait pouvoir vous conseiller.

Des métiers en transition

“Transition numérique”, “transition écologique”… les enjeux de demain vont s’imprégner dans tous les domaines d’activité, de la même manière qu’ils s’intègrent au quotidien de la population. C’est pourquoi, selon Jean-Marc Petit, « les métiers d’avenir sont en bonne partie des métiers d’aujourd’hui transformés. » 

Les détails des formations évoluent pour s’adapter à l’évolution des besoins du marché. Le groupe scolaire La Joliverie, près de Nantes, a ouvert, cette année, une licence professionnelle de développement commercial “avec une coloration développement durable”, déclinée dans chacune des matières enseignées, explique Carole Sourice, responsable de la formation. « On ne forme pas les élèves uniquement sur cette compétence, mais on a senti que c’était une demande des entreprises d’avoir cette orientation ».

Le secteur du bâtiment aussi devrait être « stimulé par l’investissement et l’accroissement des besoins de rénovation des bâtiments pour répondre notamment aux exigences d’efficacité énergétique de la transition bas carbone », selon France Stratégie. Il est listé parmi les secteurs les plus dynamiques et devrait créer 190 000 emplois d’ici 2030. « Lorsqu’un bâtiment n'avait plus de raison d'être, on le détruisait. Aujourd’hui, on va le rétrofiter, c’est-à-dire améliorer ses performances techniques », explique Vincent Rousseau, responsable du bac pro Métallurgie à La Joliverie. Lui aussi a adapté sa formation. « Puisque les référentiels ne sont pas toujours adaptés aux besoins du marché, nous co-construisons la formation avec des industriels, cela permet aux jeunes afin de s’intégrer plus facilement sur le marché de l’emploi ».

Prendre en compte la pyramide des âges

D’autres facteurs, non plus futuristes mais bien réalistes, sont à prendre en compte pour envisager les métiers d’avenir. Car paradoxalement, « les secteurs qui auront un plus grand besoin de recrutement ne sont pas ceux qui vont créer le plus de nouveaux postes », relève Jean-Marc Petit. Il faut analyser les secteurs très touchés par les départs à la retraite.

France Stratégies l’a fait pour vous. Ingénieurs en informatique, la profession concernée par le plus de créations de postes, se retrouve à la 10e place des métiers qui recruteront en 2030. Ces professionnels sont encore jeunes et ne sont pas prêts à céder leur place. En haut du classement, on retrouve les agents d’entretiens, avec presque 500 000 postes à pourvoir en 2030, puis les enseignants à 330 000 postes presque intégralement à remplacer.

Même chose pour les métiers du soin, qui sera d’autant plus dynamisé par le vieillissement de la population et donc l’augmentation des besoins en professionnels. Le rapport anticipe la création de 370 000 postes de médecins, infirmiers, aides à domicile et aides-soignants, et plus d’un million en comptant les remplacements.

Or, les métiers du soin, comme celui d’enseignant, attirent peu les jeunes. En se basant sur le choix d’orientation des jeunes actuellement, le rapport prévoit un différentiel de 261 000 postes par rapport au nombre de candidats. Selon Jean-Marc Petit, “il faudra alors enrichir ces métiers pour les rendre plus gratifiants et donc attractifs”.

À lire également

  • Que faire après la troisième ?

    L’orientation après la classe de 3ᵉ est une étape clé dans le parcours scolaire de votre enfant. Voie générale, technologique...

    • Orientation
    • Collège
    • Lycée
    • Collège
  • Que faire après le bac ?

    Que faire après le baccalauréat ? L'Onisep, dont l'Apel est partenaire, vous propose ce panorama des études supérieures en France sous la...

    • Orientation
    • Post-bac
    • Enseignement supérieur
    • Parcoursup

Découvrez tous les articles