Les avancées semblent insuffisantes. Votée en mai dernier, la loi Vial par laquelle l’État s’engage à rémunérer les AESH sur la pause méridienne est encore mal appliquée. Le problème a permis de soulever des débats plus généraux sur la reconnaissance du statut des AESH.

« Tout a été fait pour que ça ne s’applique pas » a lancé l’auteur de la loi Vial à la ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet lors de son audition au Sénat, le 23 octobre dernier. Dans l’entretien récent qu’il nous a accordé, le sénateur Cédric Vial a dénoncé la « mauvaise volonté de la part du ministère » précédent, qui a converti cette loi qui tient en « une phrase » en « 8 pages de circulaires d’application (…) avec des obligations de mettre en œuvre des conventions-cadres ». L’actuelle ministre de l’Éducation nationale, pour qui la loi Vial est un « chantier prioritaire », s’est ainsi engagée à « regarder s’il y a des mesures de simplifications à prendre ».

En attendant, certaines communes ont été obligées de se substituer à l’État en finançant les AESH sur la pause méridienne. L’Association des Maires de France lui demande alors « une compensation financière ».

Manque de personnel

Les ministères de l’Éducation nationale successifs ont souligné l’importance du soutien des élèves en situation de handicap : le budget pour l’école inclusive a augmenté de près d’un million d’euros depuis deux ans. Le projet de loi de finances 2025 prévoit d’ailleurs la création de 2 000 postes supplémentaires d’AESH pour la rentrée 2025, qui s’ajoutent aux 3 000 déjà annoncés par Nicole Belloubet à la rentrée 2024.

Pourtant, « un vivier important d’AESH reste en attente d’affectation », regrette Sandy Guyomard, présidente de l’association AESH en Lumière, regroupant des professionnels issus des secteurs public et privé, des enseignants, chefs d’établissements et parents d’élèves. Il est impossible de quantifier le nombre de postes non pourvus. D’après Cédric Vial, « mieux vaut recruter moins d’AESH et leur proposer un temps plein plutôt que d’avoir un maximum d’AESH avec un nombre d’heures qui ne leur permet pas d’en vivre ».

Mais encore beaucoup à améliorer : Rémunération, statut, formation

Une AESH en CDI gagnait en moyenne 960€ nets par mois en 2021, soit 1400€ à temps plein. Depuis la rentrée 2023, une grille indiciaire a été mise en place allant de 1475€ à 1809€ selon l’échelon, permettant aux AESH d’évoluer professionnellement. Jusqu’ici, leur ancienneté n’était pas prise en compte. Une jeune AESH et une AESH expérimentée touchent alors le même salaire, au premier échelon de la grille.

L’association AESH en lumière de Sandy Guyomard demande « un statut officiel de personnel de l’éducation nationale ». Pour Cédric Vial, cela devra d’abord passer par la formation : « Il n’existe pas de diplôme d’AESH », seulement une formation à la prise de poste de 60 heures.

AESH en lumière a été reçue début octobre à l’Assemblée nationale par une vingtaine de députés de toute obédience politique pour exposer les problématiques rencontrées. Tous ont exprimé leur volonté de rédiger « un projet de loi transpartisane ». L’espoir revient chez ces professionnels.

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