Comment réussir son entrée en première année à l’université
Comment réussir son entrée en première année à l’université ? | © iStock

Lycée et université, deux univers différents. Des enseignants du supérieur livrent leurs conseils pour avoir les bons réflexes et bien envisager les premiers partiels, que les cours aient lieu en présentiel ou à distance.

Préparer la rentrée universitaire dès la terminale

Pauline, 17 ans, en terminale au lycée Notre-Dame, à Chartres (Eure- et-Loir) rêve de faire une fac de droit pour devenir avocate. Après s’être renseignée, elle a demandé sur Parcoursup plusieurs universités. Plutôt sereine de nature, elle ne peut pas s’empêcher d’appréhender ce changement d’univers. En effet, malgré les dispositifs d’accompagnement instaurés ces dernières années, la marche entre le lycée et l’université reste élevée, notamment pour les bacheliers technologiques et professionnels : moins de la moitié des néo- bacheliers entrés à l’université en 2018-2019 sont passés l’année suivante en licence 2 (43,4 %). La crise sanitaire est encore venue compliquer l’équation en forçant les universités à basculer les cours en distanciel. Qu’en sera-t-il en cette rentrée ? Les étudiants pourront-ils reprendre le chemin des amphis ? S’il est trop tôt pour répondre, voici des conseils de pros pour mettre toutes les chances de réussite de son côté.

Comment organiser son travail ?

L’entrée à l’université, qui rime avec la découverte de l’autonomie, est un changement d’univers important pour un lycéen. À la fac, en effet, pas de surveillants pour vérifier que vous êtes bien en cours ou de profs pour s’assurer que vous avez fait vos devoirs. En temps normal, ce changement peut être d’autant plus déstabilisant, qu’il coïncide pour beaucoup à la première expérience d’autonomie matérielle, seul dans un studio ou une chambre d’étudiant. « Plus que la fac, ce qui va être le plus difficile, c’est de déménager et de tout gérer en même temps, pressent Pauline. Comme en droit, la charge de travail est importante, les questions d’organisation vont être centrales. » Catherine Dedourge, responsable pédagogique de la licence de gestion à l’Université catholique de Lille confirme : pour éviter d’être submergé et de décrocher, « il faut intégrer très vite cette gestion du temps en se faisant des plannings très précis. » Organiser son travail permet aussi de se ménager des moments de détente, indispensables pour éviter l’isolement.
« S’engager dans une association ou dans un groupe d’amis est un facteur de réussite évident », insiste Dominique Monchablon, psychiatre et cheffe de service à la Fondation santé des étudiants de France.
 
Pour les étudiants qui suivront une double licence, la nécessité d’être organisés sera encore plus grande. Ces formations très sélectives pour étudiants ultra-motivés (droit-économie, droit-langues, maths-physique...) débouchent sur deux diplômes – à ne pas confondre avec la bi-licence, qui combine deux dominantes. « Dans ces cursus, il faut se préparer à travailler autant qu’en prépa, soit 80 ou 90 heures par semaine », prévient Catherine Dedourge.

Faut-il assister à tous les cours ?

À la fac, les cours magistraux ne sont pas toujours obligatoires. Toutefois, y assister, qu’ils aient lieu en amphis ou en distanciel, s’impose.
« L’assiduité joue beaucoup dans la réussite des étudiants », assure Camille Lahbibi, chargée d’accompagnement en première année à la faculté de tourisme de l’université d’Angers. On estime que le simple fait d’écouter le professeur et de prendre des notes permet de « mémoriser la moitié des informations », ajoute Véronique Mairesse, adjointe au service d’information, d’orientation et d’insertion professionnelle de l’Université Gustave Eiffel. C’est aussi l’occasion de l’interroger sur les points qui vous échappent.

Faut-il prendre ses notes à l’ordinateur ou à la main ?

C’est une question que se posent souvent les étudiants, inquiets de ne pas suivre le débit du professeur. « Les deux méthodes présentent des avantages, à chacun de trouver celle qui lui correspond le mieux, l’essentiel étant de prendre des notes », répond Véronique Mairesse, surprise de voir de plus en plus d’étudiants arriver en cours « les mains dans les poches ». La prise de notes à l’ordinateur est plus rapide et plus propre, mais des travaux scientifiques ont montré qu’écrire à la main favorise la structuration de la pensée et la mémorisation. « La feuille de papier laisse aussi plus de liberté pour annoter, ajouter des remarques, des schémas », souligne Camille Lahbibi.

Combien de temps avant les examens faut-il commencer à réviser ?

À l’université, une partie de l’évaluation est fondée sur les partiels de fin de semestre. Vous n’aurez en général que quelques jours de liberté juste avant pour les réviser. D’où l’importance de s’y prendre à l’avance. « Idéalement, un mois avant, sachant que si vous avez travaillé régulièrement, les révisions démarrent le jour de la rentrée », remarque Camille Lahbibi. Ceci implique, une fois sorti de cours, de relire ses notes et de les enrichir à travers des lectures ou des exercices supplémentaires. « On estime qu’une heure de cours équivaut en moyenne à une heure de travail personnel », calcule Catherine Dedourge. La constance est la clé de la réussite à l’université, en particulier dans les matières dites « cumulatives », comme les sciences. « En maths, si on ne connaît pas ses formules, à un moment ça va coincer, en microéconomie, pareil. » Variez les plaisirs en allant à la bibliothèque et n’hésitez pas à réviser avec des amis. « On peut utiliser des solutions ludiques, comme des quiz », suggère Camille Lahbibi.

À qui demander de l’aide en cas de difficultés ?

Les universités organisent toutes des dispositifs d’accompagnement plus ou moins sophistiqués pour les étudiants qui entrent à l’université. Au programme : ateliers, tutorats par des accompagnants, des enseignants, des pairs, entretiens, etc. À l’Université d’Angers, les L1 bénéficient d’une séance collective de méthodologie par semaine, complétée par du tutorat et des entretiens individuels réguliers dans l’année. « Ces séances sont obligatoires pour certains et sur la base du volontariat pour d’autres. On leur donne des petits outils, on les rappelle pour voir s’ils ont avancé », détaille Camille Lahbibi. Toutes les universités comptent également un service d’information et d’orientation, des assistantes sociales et des psychologues qui sont là pour les écouter et les soutenir.

Est-il possible de se réorienter ?

On pensait parler de psycho, et on étudie l’anatomie, la statistique ou des matières dont on ne voit pas immédiatement l’utilité... Chaque année, des étudiants réalisent qu’ils se sont trompés de filière. Il n’y a là rien de grave, le tout est de définir une stratégie pour rebondir. Si l’on s’en rend compte avant la fin du premier semestre et que l’on a une idée précise, il faut en parler à son professeur référent. S’il reste des places dans la formation visée et que votre dossier répond aux critères de sélection, il sera peut-être possible de rejoindre en cours d’année une autre licence, voire un autre cursus (DUT, BTS, etc.). Si ce n’est pas le cas, mieux vaut se tourner vers le SIO, tout en essayant de terminer l’année. « Un étudiant qui arrête sans une activité ou un projet de relais, comme un sportif, aura d’autant plus de mal à reprendre ses études après ! », prévient Dominique Monchablon.